Ile de la Réunion - Routes et Cultures
dimanche 1 janvier 2017
jour de l'an 2017
mardi 12 mai 2015
La violence
La
violence.
Il est
frappant de constater que les journaux locaux rapportent avec une
régularité qui devrait inquiéter des acte d'une violence inouïe.
Le concept de violence renvoie à l'usage de la force et du pouvoir.
La définition que en 2002 l'OMS a donné de la violence met l'accent
sur trois caractéristiques principales : d'abord la nature de
l'actes violents comme étant liée à l'utilisation non seulement
d'une force physique, mais d'un pouvoir ; ensuite elle considère
l'intentionnalité comme un aspect essentiel ; enfin cette définition
de ne met en lumière les différents types de conséquences
traumatisantes.
J'emprunte à
A.Vergoz une interprétation intéressante : « Un autre
aspect important est l’attente que la mère, le père, ou le couple
parental va avoir vis-à-vis de l’enfant. Celui-ci est-il né pour
satisfaire le narcissisme parental ? Pour venger une mère qui se
sent méprisée, un père humilié ? Est-il là pour servir de parent
à ses propres parents, jouant auprès d’eux le rôle que ceux-ci
devraient avoir pour lui ? Est- il le résultat du besoin d’enfant
comme moyen d’occulter le manque, ou le produit du désir relançant
la quête ? Bons nombres d’enfants ont une fonction qui leur est
assignée, et que beaucoup sont le résultat du besoin. Il faut se
demander si certains enfants ne sont pas là pour « réparer »
leurs parents, accomplir à leur place ce qu’ils n’ont pu
accomplir. Ces enfants, pris dans les fantasmes parentaux ont bien du
mal à être sujet de leur histoire, et si, pour cause d’injustice
ou de chômage, les parents haïssent le monde dans lequel ils
vivent, les enfants risquent bien d’agir une violence qui
est celle de leur parents, et non la leur ».
Un dicton
issu d’un texte de droit du Moyen-Âge nous dit ceci « On attache
les bœufs avec un joug, et les êtres humains on les lie avec de la
parole. » Voici donc la clé de l’énigme, ce qui fait lien, c’est
qu’on se parle. Il y a donc dans la structure même de la parole et
de l’être parlant que nous sommes, quelque chose qui nous tient,
nous soutient, nous contient.
« L’homme
est, en effet, tenté de satisfaire son besoin d’agression aux
dépens de son prochain, d’exploiter son travail sans
dédommagement, de l’utiliser sexuellement sans son consentement,
de s’approprier ses biens, de l’humilier, de lui infliger des
souffrances, de le martyriser et de le tuer. » Voilà ce qu’affirme
sans ambages le père de la psychanalyse en 1929 dans Malaise
dans la civilisation.La
violence ça veut dire quelque chose, mais ça le dit avec des actes,
et pas avec des mots. Freud
disait avec l’humour qu’on lui connaît que le premier homme qui
a laissé tomber sa lance avec laquelle il s’apprêtait à percer
le corps de son ennemi, pour lui jeter à la face une insulte, ce
premier homme a inventé la culture.
Face
à la violence pulsionnelle toute société pour vivre et survivre a
développé une violence opposée, une violence socialement imposée
et plus ou moins bien acceptée. La seule violence légitime est une
violence d’Etat, régulée par le droit et la législation. On doit
en permanence se demander dans quelle mesure la violence légitime
de l’Etat n’est pas excessive et éventuellement la corriger,
d’où la nécessité des processus de régulation que l’on nomme
contre-pouvoirs démocratiques. La culture se pose comme détournement
de la violence de base qui fait qu’un être humain est vivant.
Selon
J.P.Cambefort, la violence fondatrice de la société réunionnaise
trouve son origine dans un triangle de pouvoir. La pointe supérieure
est constitué par l'Etat et ses instances spécialisées et les deux
points de base par le pouvoir politique local en prise directe avec
la population et les familles dynastiques qui pilotent les règles de
l'économie du DOM.
Cette
économie est inféodée au maintient des intérêts de ces familles,
soit par les réseaux avec les représentants de l'état soit par
l'intermédiaire de la sphère politique. Deux déséquilibre
montrent le caractère artificiel de l'économie. D'une part le
maintient de l'agriculture sucrière peu compétitive, et d'autre
part l'importation de tous les produits de consommation dont quelques
familles ont le monopole de distribution.
La
barrière douanière et les réglementations d’exception comme
l'octroi de mer et l'octroi de mer régional protègent le caractère
artificiel de cette économie. Ces taxes permettent d'apporter un
supplément financier aux communes qui financent ainsi des emplois
communaux (parfois précaires) conférant ainsi aux maires un pouvoir
économique exorbitant. Ils deviennent ainsi à coté des entreprises
tenues par les « barons » les principaux employeurs en
maintenant sous leur pouvoir des populations dépendantes et
instables.
Les
grandes familles monopolistiques et les élus perçoivent ainsi
directement les retombées de cette politique économique pendant que
les masses fragilisées par l'histoire et la déculturation, n'ont
plus d'autres valeurs que l’abêtissement audiovisuel, la fuite en
avant dans la consommation et le mirage d'un niveau de vie élevé
entretenu par les transferts d'argent public notamment par la
sur-rémunération des fonctionnaires.
Démunis
des outils culturels permettant par la parole l'usage de la réflexion
et de la critique, les communautés les plus démunies expriment des
symptômes alarmants : sentiment d'impuissance,irresponsabilité,
individualisme exacerbé,passivité , fatalisme.
Jusqu'au
moment où l'alcoolisme aidant, le passage à l'acte se matérialise
soit dans des agressions individuelles crapuleuses sordides soit dans
des émeutes.
vendredi 2 janvier 2015
jour de l'an
Jour de l'an
Bonne année, meilleurs
voeux ! Avec trois heures d'avance sur la métropole l'ile de La
Réunion est entrée dans l'année 2015.
C'est dans le fracas des
feux de feux d'artifice que, selon leur tradition, les réunionnais
fêtent l'an nouveau. Il n'est pas une famille qui ne se soit procuré
pétards ou artifices parfois splendides. Et dés que l'heure de
passage à la nouvelle année est sonnée les rivages et les reliefs
de l'ile se couvrent d'une multitude de fleurs éphémères
qu'allument les artificiers d'un soir.
La plaine Saint Paul |
Plage de l’ermitage. Aux feux d'artifice s'ajoutent des myriades de lanternes |
D'autres préféreront
fuir le bruit et marcher vers les sommets pour voir se lever le
soleil de l'année nouvelle sur des horizons grandioses.
Lever du soleil sur le Grand Benare |
mercredi 24 décembre 2014
Noël à La Réunion
Baie de Saint Paul en venant de Saint Gilles |
Nous sommes en plein été.
Le thermomètre avoisine en journée les 30°. On cherche le
fraicheur en allant vers les hauts. La mer renvoie une lumière
éclatante alors que en fin de journée les hauts se couvrent de
nuages effilochés poussés par les alizées. La chaussée royale à Saint Paul est quasi vide. Les palmiers agitent leurs feuillage dans le vent.
Saint Paul-La chaussée Royale la veille de Noël |
C'est le moment où la
nature est exubérante. Les bougainvilliers explosent de couleurs à
chaque angle de rue. Plus majestueux les flamboyants se parent de
multiples fleurs rouges au long des routes et des chemins.
Les flamboyants route de La Plaine |
Les discrètes orchidées
soigneusement soignées sur des balcons ombragés se parent de
couleurs délicates.
De multiples vendeurs
s'installent au bord des voies de circulation pour offrir de
succulents litchi et des mangues. Les litchi sont de petits fruits
recouverts d'une peau râpeuse d'une beau rouge prometteur d'une
chair blanche délicieusement sucrée.
marchand de Litchi |
Les réunionnais
préparent le repas qui sera pris après la messe de minuit. Ce sera
souvent un carry au fumet délicieux . Le cari se compose au départ
d'une sauce à base de tomates , ail et oignons dans laquelle on fait
cuire dinde, coq, bichique, thon espadon etc. Le plat est servi
accompagné de riz , des grains c'est dire des légumes secs en
sauce, des lentilles et un petit ravier contenant une sauce pimentée.
Les familles et les amis
se regroupent. Ils patientent en écoutant parfois assez fort des
chants de noël sur des rythmes de maloya. L’apéritif sera sans
nul doute un rhum « arrangé » selon des secrets
familiaux .
En attendant les enfants
font partir quelques pétards ou des feux d'artifice. Mais ce sera au
jour de l'an que l'ile s'embrasera sous les multiples explosions
colorées.
marchand de feux d'artifices |
Les églises s’apprêtent
à recevoir de très nombreux fidèles et sont intérieurement
décorées de fleurs coupées.
Église de Bois de Nèfles. Elle fut bénie le 18 février 1848 année de l'abolition de l'esclavage et est depuis présentée comme un mémorial de l'abolition de l'esclavage. |
mardi 23 décembre 2014
Donner du sens
J'ai découvert dans le
livre de Jean-Pierre CAMBEFORT intitulé « Enfances et familles
à La Réunion » (L'Harmattan mars 2002) de nombreuses clefs de
compréhension de l'organisation sociale en place dans cette ile.
Je vous en propose
quelques extraits qui dans un premier temps analysent le
fonctionnement de l'esclavage et ses conséquences :
/.../
L'esclavage des
populations représente bien plus qu'un système économique. Par le
déracinement définitif des sources culturelles ce système à
entrainé :
- La destruction de l'ancestralité et des mémoires culturelles d'origine (lignage, traditions)
- L'atteinte à la filiation par la suppression des patronymes originels et leur remplacement par des noms d'emprunt ; ceci s'est produit à deux reprises : au moment de l'esclavage lors de l'attribution d'un nom qui marquait l'appartenance au maitre ; après l'abolition ensuite lorsque des patronymes d'emprunt furent attribués à nouveaux aux affranchis selon le bon vouloir et la volonté stigmatisante de l'administration coloniale. ;
- la destruction des langues d'origine, passées définitivement dans l'oubli au moment de la mise en service dans les plantations ;
- La subordination des populations importées, puis métissées (créoles) au pouvoir colonial dans une société fondée sur des rapports de force et de soumission.
Ces phénomènes
engendrèrent plusieurs blessures symboliques ayant des conséquences
éducatives importantes.
Suite à la destruction
de l'ancestralité, le pouvoir colonial a immédiatement substitué
aux références culturelles traditionnelles l'ensemble des valeurs
civiles religieuses occidentales (particulièrement importantes dans
leur assimilation au niveau de la structure familiale) . La religion
catholique fut imposée comme ciment religieux des communautés en
présence, chapeautant officiellement la cohabitation de plusieurs
cultes et se surimposant aux religions populaires, malgré l'emprise
de ces dernières dans les consciences et la continuité des
pratiques , le plus souvent dans la clandestinité.
L'atteinte à la
filiation a entamé gravement la fonction symbolique paternelle,
l'image du père et ce qu'il représente par rapport à la mère dans
ses relations éducatives aux enfants. Cette mutilation symbolique a
entrainé la sur importance du rôle et de l'image de la mère,
phénomène qui provoque d'importants déséquilibres dans la vie
familiale. Des milliers de famille ont endossé une identité
patronymique d'emprunt, le plus souvent construite comme des
sobriquets destinés, après l'abolition, à stigmatiser les
descendants d'affranchis. Les patronymes d'emprunt et la
méconnaissance du lignage chez les descendants d'esclaves, induisant
des doutes sur la filiation, notamment celle du père, ont
déstabilisé des générations d'enfants dans leur identité.
La destruction des
langues d'origine a entrainé l'obligation d'adopter le créole,
langue « criée » (étymologiquement) dans la
colonie et langue de soumission aux commandeurs, contremaitres de la
plantation, pour communiquer avec les représentants du pouvoir. A
travers le créole se véhiculeront ensuite, et entre autre
significations, tous les systèmes de représentations sociales du
sens commun, fondées sur les rapports de domination (dictons,
proverbes, maximes etc)
menu en créole |
Le système économique
et politique esclavagiste a imposé aux populations importées les
valeurs d'une société fondée sur les rapports de force et de
domination, d'où étaient bannis tous esprit critique,toute velléité
de résistance, tout effort dialectique.
.....
.....
Il me paraît d'autant
plus pertinent de citer cette analyse que l'esclavage moderne existe et a indubitablement les mêmes ressorts et les mêmes conséquences.
Selon un rapport publié
en novembre 2014 par la Walk Free Foundation — qui lutte contre
toutes les formes d'esclavage moderne —, près de 30 millions de
personnes dans le monde vivent dans des conditions d'asservissement.
Les chiffres cités sont à prendre avec précaution car ils émanent
d'une fondation américaine qui n'explicite pas ses méthodes
d'évaluation et elle ne cite pas les pays du golf pourtant
certainement concernés !
En Mauritanie, 4% de la
population serait touchée, soit la plus forte proportion au monde.
L'esclavage est enraciné dans la société mauritanienne, souligne
le rapport, expliquant que les «Maures noirs», descendants de Noirs
asservis par les Arabes berbères arrivés en Mauritanie au XIe
siècle, continuent de servir de génération en génération les
«Maures blancs». «Le statut d'esclave est héréditaire»,
constate la Fondation.
Enfin selon un rapport
d'amnesty international depuis le mois d'août, 2014 les djihadistes
de l'Etat islamique (EI) ont enlevé des centaines, voire des
milliers de femmes et de jeunes filles dans la région de Sinjar
(nord de l'Irak) afin de les réduire en esclavage.
lundi 22 décembre 2014
L'abolition de l'esclavage
Ce n'est pas un hasard si
j'ai choisi d'ouvrir ce blog à la date du 20 décembre, car c'est ce
jour là que se fête l'abolition de l'esclavage. Et cette date
s’avère structurante dans cette ile à l'histoire complexe où se
mêlent les traditions et les lois métropolitaines et un héritage
culturel africain et indien.
L'histoire de cette ile
remonte à l'année 1504 quand un navigateur européen, Diego
Fernandez Peteira la baptise Santa Apollonia sans y avoir débarqué.
Elle sera reconnue à plusieurs reprises par des navigateurs mais ce
n'est qu'en juin 1642 que un équipage français débarquera dans
l'actuelle baie de Saint Paul et en prendra possession au nom du roi
de France, la baptisant ile Bourbon.
Puis, le 10
novembre 1663 le navire Saint Charles débarquera deux français
et leurs serviteurs et esclaves, décidés à s'installer définitivement sur
l'ile.
Leur initiative n'est pas
étrangère a la politique d'expansion économique de Richelieu.
Celui ci a signé en 1624 un traité avec les Hollandais qui
reconnaît la liberté du commerce vers « les Indes
occidentales et orientales », mettant ainsi fin aux
incertitudes maritimes sur cette région du globe. En continuité de
cette politique se créeront des compagnies qui prendront possession
de sites et de ports. Les établissements les plus faciles à ouvrir
et ouvrant sur de vastes territoires se créeront d'abord sur l'ile
de Madagascar puis ensuite sur les iles Bourbon.
C'est en 1664 que sera
créée par Colbert la compagnie des Indes orientales dotée de
privilèges royaux et de monopoles. Mais à l'objectif commercial
s'ajoutent des objectifs politiques délégués par la puissance
publique. Il faut contrer les ambitions anglaises et hollandaises
dans cette zone. La présence d'une flotte française devient un
moyen d'affirmer la souveraineté. Enfin la culture et la religion
voyagent avec les commerçants.
Canons place du barachois à Saint Denis |
La compagnie administrera
l'ile durant un siècle. Et on lui doit d'avoir emmené une grande
prospérité sur l'ile en incitant les colons à procéder à des
plantations de café. L’extension de ces cultures entrainera un
besoin de main d’œuvre qui viendra de l'importation d'esclaves.
La condition sociale
d'esclave est connue en Europe depuis le néolithique et l'antiquité.
Il s'agit d'êtres humains privés par d'autres du droit de propriété
sur eux-mêmes. Cette condition ne disparaitra en Europe que au haut
moyen age sous la pression du christianisme mais se développera en
Amérique du nord.
Dans le même temps se
développait une traite négrière de différentes origines,
berbères, persans, malais, chinois et principalement arabe. La traite
inter africaine des royaumes sub-sahariens alimentait les marchés
bordant la méditerranée. Cette traite vers l’océan Indien et la
méditerranée est bien antérieure à la controverse de Valladolid,
débat mené par des théologiens en 1551 qui devaient décider de la
manière dont devaient se faire les conquêtes du nouveau monde, pour
qu'elles se fassent avec justice et « en sécurité de
conscience » !
Bien sur cela a été
interprété comme un blanc seing donné à la traite qui se
développera aussi bien en Atlantique que dans l'océan Indien.
En 1764 le roi rachète
les Mascareignes à la Compagnie des Indes après la faillite de
cette dernière. L'île entre pendant 30 ans dans une période
économique très faste avec l'exportation des épices et du café.
A partir de 1789 l'ile subi une longue période d'instabilité qui reflète les
vicissitudes des guerres de la révolution et de l'empire. Depuis
1792 , l'Europe est en état de guerre quasi permanent opposant la
France révolutionnaire à une série de coalitions.
En 1794 l'esclavage est
aboli par la convention. Le 8 avril 1794, l'île adopte le nom d'île
de La Réunion à la suite de La Réunion des révolutionnaires
qui ont chassé le roi Bourbon du trône.
Mais l'esclavage est
implicitement rétabli lors du traité de 1802 qui restitue à la
France des territoires antillais sur lesquels les anglais avaient
maintenus l'esclavage. Les réticences des colons sont
évidentes...D'autant plus que les plantations de café sont ravagées
par des catastrophes naturelles et que les exploitants se tournent
vers la canne à sucre dont les débouchés en métropole deviennent
importants , et que les besoins de main d’œuvre sont récurrents.
Les anglais prennent
possession de l'ile en 1809. En effet la guerre de la Cinquième
Coalition est un conflit qui oppose une coalition menée par
l'empire d'Autriche et le Royaume unis contre l'empire Français. Les
engagements entre la France et l'Autriche, et les anglais se
déroulent dans toute l’Europe centrale entre avril et juillet
1809. Et l'occupation d'une possession française dans l'océan
indien en est une conséquence.
L'ile ne sera rendue à
la France que par le traité de Paris du 30 mai 1814 qui ramène la
France dans ses limites de 1792.
Il faudra attendre le 29 mars 1815 pour que Napoléon Ier
décrète l’abolition de la traite négrière. Ce décret est pris durant les cent
jours qui se terminèrent par la bataille de
Watterloo.
En 1848 l'Europe est
secouée par une vague de révolutions dont les aspirations
nationalistes sont une cause centrale. C'est dans ce contexte que en
févier un soulèvement populaire violent met fin à la « monarchie
de juillet » et met en place la seconde république. La seconde
et définitive abolition officielle de l'esclavage date du 27 avril
1848, notamment grâce à l'action du député Victor
Schœlcher et ses amis.
Il obtient du
gouvernement provisoire la création d'une commission d'abolition de
l'esclavage chargée de préparer l'émancipation. La commission
tient sa première réunion le 6 mars, et le 27 avril, elle propose
une série de douze décrets qui émancipent les esclaves (un article
leur octroie le statut de citoyen, ils sont désormais appelés
« nouveaux citoyens » ou « nouveaux libres »)
et organisent l'avenir dans les colonies. Des ateliers nationaux sont
établis dans les colonies ; on crée des ateliers de discipline
pour la répression de la mendicité ainsi qu'une caisse d'épargne ;
un décret agence l'impôt personnel, les taxes sur les tafias, vins
et spiritueux ; un autre institue une fête du Travail dans les
colonies ; un décret organise les hypothèques ; les
commissaires généraux de la République sont créés et envoyés
dans les colonies pour y appliquer les décrets ; la liberté de
la presse est étendue aux colonies ; un décret précise les
modalités du recrutement militaire, de l'inscription maritime, de la
garde nationale (extension des dispositions ayant cours en France) ;
le sort des vieillards, des infirmes et des orphelins est pris en
charge ; des jurys cantonaux sont créés.
Le 27 avril a lieu la
publication de l'acte d'émancipation qui sera proclamé le 20
décembre par le commissaire de la république Sarda Garriga. qui a
eu l'intelligence à son arrivée sur l'ile d'expliquer aux maitres
et aux esclaves leurs droits et leurs devoirs futurs.
Une loi votée le 30
avril 1849 indemnise les planteurs et les colons. Ainsi près de
248 500 esclaves sont libérés (plus de 87 000 en
Guadeloupe, près de 74 450 en Martinique, plus de 62 000 à
La Réunion, 12 500 en Guyane, plus de 10 000 au Sénégal
d'après les demandes d'indemnisation présentées par les
propriétaires.
Libérés le 20 décembre 1848 , les affranchis
recevront chacun un nom (attribué par l'administration coloniale)
rajouté à leur ancienne appellation d'esclave. Certains acceptent
de rester auprès de leurs anciens maîtres, d'autres vagabondent
dans l'île ou se réfugient dans les hauteurs de l'île à la
recherche de terres libres à défricher.
L'esclavage est aboli mais l'île reste une colonie
française jusqu'en 1946.
Pour pallier au manque de main d’œuvre un nouveau système est mis en place : l'engagisme. Il consiste à proposer à des travailleurs étrangers à la colonie, un contrat de travail d'une durée de 5 ans renouvelable. L'engagé est alors au service d'un engagiste généralement propriétaire terrien.
Pour pallier au manque de main d’œuvre un nouveau système est mis en place : l'engagisme. Il consiste à proposer à des travailleurs étrangers à la colonie, un contrat de travail d'une durée de 5 ans renouvelable. L'engagé est alors au service d'un engagiste généralement propriétaire terrien.
Plus de 100 000 "engagés" Malgaches,
Indiens (Zarabes du nord et Malabars du sud) Chinois et Africains
(Cafres) seront introduits dans la colonie par les propriétaires
d'anciens esclaves pour remplacer ceux-ci sur les plantations.
Ce système prendra fin en 1937 à la faveur d'une
réforme administrative impactant le service de l'immigration et
l'inspection du travail.
166 ans après la
publication du décret du 27 avril 1848 abolissant la traite des
Noirs dans les colonies françaises, ce mot résonne toujours aussi
fort.
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